Qui
pouvait alors attendre quelque
chose de ce Gilmour d'il y a
quelques piges ? Pas moi en
tout cas.
D'abord
à cause de sa discographie
solo (deux albums avant celui-ci)
dont le niveau fut loin d'atteindre
les sommets et de par les parutions
Pink Floyd post-Waters peu convaincantes.
En
plus, Gilmour est vieux. Ce
n'est pas un reproche mais une
constatation. Et dans le domaine
du rock et ses environs, ce
n'est pas forcément un
avantage. On ne peut guère
compter sur beaucoup d'enthousiasme,
de spontanéité,
de côté aventureux
ou de pêche.
Mais
j'ai quand même écouté
cet album, Gilmour oblige.
Du
coup, comme je n'attendais pas
grand chose, je n'ai pas été
déçu. Au contraire,
j'y ai même trouvé
quelques passages intéressants.
Une certaine unité, une
atmosphère un rien nostalgique...
je n'ai pas dit soporifique.
Gilmour
fait son truc sur son île
et dans ses pantoufles. Il n'a
rien à prouver. Nul besoin
de complaisance pour vendre.
Il fait ce qu'il aime sans doute.
Et nous donne tout que ce qu'il
peut donner. Sûrement
en toute sincérité.
Quelques
potes sont venus l'aider sans
le déranger ni essayer
de le bousculer. On y trouve,
entre autres, Feu Wright de
chez l'ex-Pink Floyd, Wyatt
qui joue du cornet sur un titre,
Crosby (il nous a quittés
aussi) et Nash qui viennent
faire quelques choeurs sur le
beau et nostalgique "On
An Island" et Manzanera
appelé dans le livret
"El magnifico". Mais
on a du mal à s'en rendre
compte ici. C'est normal, ce
n'est pas son album solo.
Le
livret intérieur est
très documenté.
Avec plein de détails.
On sait tous les musiciens.
Qui joue quoi. Qui fait quoi.
Et avec les paroles bien sûr
(qui ne sont pas de Gilmour).
Et plein de jolies illustrations
bien dans le ton de l'oeuvre.
On
retrouve ici un peu le style
de "The Division Bell"
(voir ICI)
de Pink Floyd (en plus intimiste),
quelques réminiscences
de titres de "Meddle"
(voir LÁ)
ou "Obscured By Clouds"
(ICI)
et aussi le ton du premier album
solo du old Gilmour dont tu
peux lire quelques lignes en
cliquant sur l'image sous cette
chronique.
Au
début, on a droit comme
d'hab à l'instru floydien.
C'est correct. Puis ça
continue plutôt bien avec
"On An Island", "The
Blue" et "Take The
Breath" un peu plus énervé.
Les instrumentaux sont intéressants
("Then I Close My Eyes"
sonne un peu post-rock) et les
solos de guitare agréables,
bien sûr.
Après,
Gilmour insiste un peu trop
sur le mélancolique dans
quelques titres un peu mièvres.
Et comme il n'a pas une voix
qui bouleverse outre mesure
et qu'il n'est pas forcément
un as de la mélodie,
ça s'embourbe un peu,
gonflé de quelques violonnades
qui n'arrangent pas les choses.
Il s'essaie même dans
le bluesy avec un poussif et
mal nommé "This
Heaven". Et à un
moment dans "Smile",
on a même l'impression
d'écouter chanter McCartney.
Fichtre !
En
résumé, je dirai
que cet album a une certaine
ambiance. C'est assez sobre.
Sans esbroufe. Souvent lent
et plutôt intimiste. Avec
quelques beaux passages et d'autres
où ça s'essouffle
un peu vite.